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Utopiaphoto - F Bellay
samedi 04 juin 2022

Frédéric BELLAY
Mais où sont vos montagnes et vers où coulent vos lacs ?
Exposition visible du 4 juin au 10 juillet 2022
en partenariat avec l’Atelier2 dans le cadre d’Entrelacs - Villeneuve d’Ascq
Commissariat : Horric Lingenheld
Création : Galerie Destin Sensible



Mais où sont vos montagnes et vers où coulent vos lacs ?
Une thématique autour de l’eau Le CRP/ Centre régional de la Photographie à Douchy-les-Mines, Château Coquelle à Dunkerque, la galerie Destin Sensible à Mons-en-Baroeul et l’Institut pour la photographie, à Lille, proposent une programmation photographique sur la thématique de l’eau.
La question primordiale de l’eau comme matière première, matière vitale ou première nécessité est un des principaux enjeux du développement durable. La question de l’eau dans l’environnent où les questions
climatiques actuelles placent cet élément de base au coeur des richesses vitales de nos sociétés. L’eau est aussi un facteur déterminant dans l’étude du paysage naturel, social et économique des Hauts-de-France,
depuis ses côtes maritimes jusqu’aux axes fluviaux qui traversent son territoire. Cette ressource naturelle donne ainsi lieu à différentes expérimentations poétiques, réflexibles et pour le moins sensibles.
Les experts territoriaux proposent de coordonner un programme de résidence artistique sur le territoire pour la production de quatre projets d’exposition inédits conçus pour une présentation hors-les murs pour enrichir le programme d’UTOPIA de lille 3000 dans la région des Hauts-de-France.

 

Comme j’aime le faire, et pour explorer le miracle de ce plat
pays où l’eau ne coule pas d’une montagne vers la mer, je vais
parcourir les lieux, les hanter jour et nuit. Je vais y traquer la
vie animale tout autant que la diffuse vie urbaine dont ni l’une
ni l’autre ne cesse jamais, toujours bruissant. Ce/ceux que je
parviendrai à découvrir ici, je vais essayer d’en porter la parole
vivante. Pour aborder la nuit j’utiliserai la photographie infrarouge,
et pour restituer au mieux les lumières, les couleurs, de
ce qui vit là en plein jour, un appareil numérique haute définition.
En reprenant les mots de Bruno Latour à propos de la Loire, je
m’efforcerai (c’est aussi la raison de ces choix techniques) de
traduire comment s’expriment ces lieux, comment ils parlent,
comment s’exerce leur puissance d’agir : « Mais « Loire » parle,
elle n’a jamais cessé de parler. Elle est, en cela, une puissance
d’agir … la Loire s’exprime, elle a une agency. Elle parle depuis
toujours. Et les ligériens, habitants du bassin-versant, n’ont
jamais cessé de parlementer avec Loire. Ce n’est pas une parole
humaine, mais c’est un langage du monde. » (Bruno Latour in
« Le Fleuve Qui Voulait Ecrire » p39 éd. Les Liens qui Libèrent.)
Bien sûr les lacs n’ont pas la même origine que « Loire ». Pour
autant, ces entités créées n’ont-elles pas elles aussi développé
leur propre agency? Ne portent-elles pas une parole? Au départ
artefacts, la vie s’est emparée d’eux, mais comment? Ne sontils
là que comme décors, pour faire « comme si il y avait de la
vraie nature » Ne sont-ils qu’une « ressource » permettant les
promenades pour des citadins, des places pour se détendre
et renouer avec le dehors ? Ne s’agit-il que d’un succédané,
une sorte d’antidépresseur, juste là pour rendre supportable
la vie urbaine ? Certes, façonné par la nature, l’homme/femme
d’aujourd’hui fait le monde à son image, mais c’est toujours un
espoir qui cherche à s’exprimer, et l’eau, les arbres, les oiseaux,
la nuit, la lumière … sont et restent nos seuls complices.
Alors c’est bien à cette question que je voudrais me confronter :
de qui est composé le peuple de ces lacs,de quel bois est-il fait,
et qu’a t-il à nous dire ?Seule la fiction des images me permettra
d’y répondre. Et j’aurai toujours en mémoire ces mots de Victor
Hugo : « C’est une triste chose de songer que la nature parle et
que le genre humain n’écoute pas. »  F Bellay

 

 

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